L’histoire de la petite Bavette
Je me présente, mon nom est Bavette et je suis une vieille chaise haute pour enfants. Maintenant très âgée et fatiguée, j’ai dû supporter toutes sortes de tortures de la part d’enfants turbulents.
Ma vie débuta en 1915 alors qu’un habile Ébéniste réalisa un petit chef-d’œuvre avec moi. En effet, il me sculpta de belles jambes fines et bien tournées, un dos très bien proportionné et des bras d’une grande finesse.
Par la suite, un spécialiste en maquillage appliqua une légère couche de vernis pour protéger mon corps des attaques incessantes que je devrais supporter de la part de mes futurs occupants.
L’histoire de la petite Bavette
Par Ray Bourque
décembre 2016
L’histoire de la petite Bavette
Je me présente, mon nom est Bavette et je suis une vieille chaise haute pour enfants. Maintenant très âgée et fatiguée, j’ai dû supporter toutes sortes de tortures de la part d’enfants turbulents.
Ma vie débuta en 1915 alors qu’un habile Ébéniste réalisa un petit chef-d’œuvre avec moi. En effet, il me sculpta de belles jambes fines et bien tournées, un dos très bien proportionné et des bras d’une grande finesse.
Par la suite, un spécialiste en maquillage appliqua une légère couche de vernis pour protéger mon corps des attaques incessantes que je devrais supporter de la part de mes futurs occupants.
Voici l’ébéniste qui fit de moi un chef-d’œuvre!
Je me présente Bavette!
Aussitôt sortie des mains de mon créateur, on me plaça, bien à la vue, dans la vitrine du magasin Dupuis Frères à Montréal.
Vitrine de Dupuis Frères !
Ce fut la plus belle période de ma vie, les gens passaient devant moi en s’exclamant devant ma grande beauté. Plusieurs des passants auraient bien aimé partir avec moi, mais le prix demandé pour m’avoir était trop élevé. Un jour, un couple élégant et probablement très riche passa devant ma vitrine et s’arrêta brusquement. Madame Nez en L’air, la snob, avait un très beau manteau de vison et était couverte de précieux bijoux.
Madame Nez en L’air, la snob
Pour sa part, Monsieur Collet monté, le richard tout aussi élégant, portait de beaux vêtements bien confectionnés, un chapeau haut de forme et il avait un cigare à la bouche.
Monsieur collet monté, le richard !
Ce couple était accompagné par deux autres personnages, Monsieur Vroum Vroum, le gentil chauffeur et Monsieur Bras Allongés,le frustré porteur de valises.
Monsieur Vroum-Vroum,
le gentil chauffeur
Monsieur Bras allongés, le frustré porteur de valise
Tout à coup, Madame Nez en L’air devint tout excitée en me voyant et dit à son mari Monsieur Collet monté : « Chéri, que c’est beau, que j’aimerais avoir cette belle Bavette pour notre nouveau rejeton ». Celui-ci était dénommé Petit Monstre à Batteries. Aussitôt dit, aussitôt fait! On m’installa à l’arrière d’un luxueux véhicule pour un long voyage jusqu’à Laval-sur-le-Lac.
À destination, Monsieur Bras allongés me transporta avec beaucoup de précautions, même s’il rouspétait un peu, dans une très grande maison tout en pierres et possédant plusieurs cheminées.
La maison des gens riches et célèbres
Wow! Quelle belle demeure, que je me suis dite. Encore une fois, je pensais devenir la coqueluche de la maison. Quelle ne fut pas ma déception lorsqu’on m’installa dans un coin sombre de la cuisine, moi qui pensais trôner dans un endroit beaucoup plus en vue. Une fois installée, une femme dénommée Madame La terrifiante fit mon inspection des pieds à la tête et me regarda avec dédain.
J’étais très triste de me faire traiter de cette façon. Madame la Terrifiante n’était pas très jolie avec son visage couvert de vilaines verrues. Avec ses dents noircies, son rire aigu et ses cheveux en broussailles, elle me faisait bien peur.
Madame la Terrifiante Hi! Hi! Hi!
Par la suite, je fus laissée dans le noir de cette grande et sombre cuisine. Tout à coup, une tempête déferla dans la cuisine avec l’arrivée du rejeton de deux ans, nul autre que le Petit Monstre à Batteries.En me voyant, il me donna de grands coups de pied et me fit tomber par terre.
Madame la terrifiante me releva et força le petit monstre à s’asseoir sur moi, pauvre Bavette, pour lui servir son repas. Avec ses ustensiles, le Petit Monstre à Batteries se mit à frapper sur moi, à se balancer d’un bord à l’autre et à lancer sa nourriture de tous les côtés. Madame la Terrifiante était bleue de rage et elle le força à rester assis sur moi et à manger.
Le Petit Monstre à Batteries mécontent…
Insatisfait de la situation et bien agité, Le Petit Monstre à Batteries, pour punir Madame la Terrifiante, dégobilla sur moi et sur elle. Je puais et je n’étais pas belle à regarder. À ce moment-là, Madame Nez en l’air arriva dans la cuisine et blâma Madame la Terrifiante en lui disant que son enfant était sage comme une image et qu’il ne méritait pas d’être traité de la sorte. Pour consoler et essuyer les larmes de son Petit Monstre à Batteries, Madame Nez en l’air le prit dans ses bras et l’amena plus loin. Le Petit Monstre à Batteries était soudain devenu un petit ange qui roucoulait n faisant des beaux yeux doux à sa maman.
Les larmes de crocodile du garçon
Les années passèrent et le Petit Monstre à Batteries continua à agir de la même façon. Ayant atteint l’âge de 4 ans, il refusait maintenant de s’asseoir sur moi, pauvre Bavette. Je réalisais que mes jours étaient comptés dans cette maison. Un beau matin, un monsieur dénommé Bric-à-brac, l’antiquaire, vint me chercher et m’amena dans un vieux tacot.
Il me plaça sans aucune considération dans la boîte de son camion avec toutes sortes d’objets sans valeur.
Le camion de l’antiquaire Bric-à-brac!
Une fois arrivé dans sa maison, Monsieur Bric-à-Brac me jucha dans un coin de son grenier. Je me voyais maintenant comme une vieillerie. Je n’avais plus de raisons de vivre et je me sentais bien triste.
Grenier de Monsieur Bric-à-Brac!
Je demeurai dans cet endroit jusqu’en février 2007. C’est alors que Monsieur Bric à Brac décéda et sa grange devant être démolie, une grande vente aux enchères fut organisée pour se débarrasser des objets qu’elle contenait.
L’encanteur Monsieur Fripouille était responsable de vendre tous les meubles et objets de cette grange. Encore une fois, on me plaça, moi la belle Babette, bien en vue pour que les clients puissent m’admirer.
Monsieur Fripouille!
Le jour même de l’encan, quelle ne fut pas ma surprise lorsque Monsieur Touche-à-tout et Madame Cocotte de Val-David se portèrent acquéreurs de moi, la Belle Babette. Ils disaient avoir besoin de moi pour leurs petits-enfants à venir.
Monsieur Touche-à-tout et Madame Cocotte
Et les marmots se succédèrent, si bien que cinq petits-enfants, Benjamin, Raphaëlle, Alexandra, Nathan et Noah, le dernier, furent mes gentils compagnons enjoués au cours de ces dernières années.
Nathan, Alexandra et Noah
Raphaëlle
Benjamin
J’ai vécu de grands moments agréables avec eux, même si quelquefois, je devais subir des traitements difficiles à supporter. Plusieurs fois le caca des couches trop pleines débordait sur moi ce qui avait pour effet de répandre des senteurs nauséabondes. Et que dire du lait, de la sauce aux tomates et des bols de yogourt renversés…
D’autres fois, le trop-plein des ventres de ces petits êtres merveilleux était évacué abruptement, en un jet dense et coloré, sur moi et mon entourage. Mais que voulez-vous, cela fait partie du métier! Maintenant, les cinq petits-enfants ont grandi et peuvent se passer de mes services. Je suis redevenue inutile.
L’autre soir, j’ai entendu Madame Cocotte dire à Monsieur Touche-à –tout que je devais partir. J’ai pleuré toute la nuit ne sachant pas ce que l’avenir me réserverait. Mais, le lendemain, j’ai décidé de demeurer optimiste étant persuadée que Madame Cocotte et Monsieur touchent-à- tout s’occuperaitde moi et me trouveraient un nouveau foyer afin que je redevienne la coqueluche d’autres mignons enfants. Voici la fin de cette belle histoire qui est dédiée à mes petits-enfants que j’aime et à tous les enfants qui auront l’occasion de lire cette histoire.
